24/05/2011

Midnight in Paris, 6 sur l'échelle du Woody


Cette année, Cannes a ouvert avec un de ses grands habitués, Woody Allen (c'est le 10e long-métrage qu'il présente là-bas). Avec Woody (oui, depuis le temps, je le tutoie), c'est assez simple, il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. Là où ça devient plus complexe, c'est parmi ceux qui aiment. Pour ma part j'adore le Woody de Zelig, La Rose Pourpre du Caire et Annie Hall, j'aime énormément le Woody de Ombres et Brouillards, Manhattan et Hannah et ses soeurs, je passe un moment agréable devant le Woody de Vicky Cristina Barcelona, Husbands and Wifes et Everybody says I love you, et je m'ennuie devant le Woody de Match PointAnything Else et The Curse of Jade Scorpion.

Midnight in Paris est un Woody moyen, mais agréable à regarder, je mettrais 6 sur mon échelle du Woody (qui va jusqu'à 10). Un "sympathique mais peut mieux faire", ou "élève appliqué mais peu inspiré" si vous préférez. Plus de détails, allons-y (mais attention spoilers inside, qui ne sont pas bien graves, ce n'est pas l'histoire qui importe ici).

Le film commence avec du Sidney Bechet et 60 plans (certains critiques les ont compté pour moi) de la Paris la plus touristique, d'une aube à l'aube suivante, un ramassis de clichés romantiques de cartes postales, un Paris dont rêvent probablement les japonais et qui hérisse probablement aussi les Parisiens. Woody assume son cliché et nous propose donc un contrat de lecture : je vais parler d'un Paris rêvé, de mon Paris fantasmé, venez vous balader avec moi où descendez tout de suite de la voiture. J'ai décidé d'accepter la balade aux côtés de Gil (Owen Wilson, crédible sans être renversant), scénariste hollywoodien à succès qui peine sur son premier roman et qui rêve de vivre à Paris pour écrire, façon Paris fantasmé des années 20 dans lequel il sera plongé lors d'une promenade solitaire. Le contraste entre le jour et son Amérique contemporaine (campée par sa fiancée et ses parents, abjectes et incultes, et donc délicieusement comiques par la même occasion) et la si cultivée capitale des lumières plongées dans les années 20 et leur vie nocturne est abrupte et rend la narration encore plus clichée que le fantasme de Woody que nous acceptons avec moins de mal.


Les rencontres avec les idoles de Woody (Cole Porter, Scott et Zelda Fitzgerald, T.S. Eliott, Pablo Picasso, Djuna Barnes, Jean Cocteau, Gertrude Stein, Dalì, Buñuel, Man Ray, etc.) sont cependant suffisamment délicieuses pour m'avoir permis de garder le sourire tout au long de son opus, malgré la présence de Carla Bruni (2 minutes à peine) et celle de Marion Cotillard dont le sourire triste constant m'a passablement hérissé.

La "morale" du film sent le vieil homme : chaque âge peut être un Âge d'Or, ne regardez pas en arrière, vivez le moment présent. C'est tellement évident depuis les premières minutes du film que cette conclusion m'a ennuyée, aucune surprise finale, malgré un essai de gag avec Gad Elmaleh (consternation).

Mais, comme souvent avec Woody, j'en retire de jolies rencontres, la scène avec les surréalistes en particulier et ses dialogues m'a fait éclater de rire, bon, il faut dire que je suis particulièrement sensible à l'argument rhinocéros, (petit message personnel) malgré la soirée qui s'annonçait mal ce jour-là, Woody a réussi à me transmettre son spleen jazzesque, une mélancolie à la Hugo ("du bonheur d'être triste" disait-il) que j'affectionne particulièrement.

Et vous, sur votre échelle de Woody, vous lui mettez combien ?

9 commentaires:

  1. mmm, au moins 7 ou 8.
    Mais vu ce que tu écris au début, on a pas exactement les mêmes gouts pour les films de Woody Allen (genre j'avais adoré Match Point).
    Sinon, je suis assez d'accord avec toi dans le fait que la morale (et la fin du film) manque cruellement de surprise.
    C'est clairement un film où il a voulu se faire plaisir (sans se creuser trop sur une intrigue psychologique tordue), mais ça m'a bien fait plaisir aussi.

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  2. Annie Hall: le film qui a changé ma vie,quand je l'ai vu,à sa sortie,j'avais 15 ans: quel choc!
    Mon préféré de tous les temps avec Diane Keaton tellement géniale...
    il est si délicieusement 70's maintenant,quand on le revoit.
    J'ai beaucoup aimé Match Point,moi,en fait,en revanche Vicky Christina Barcelona,je l'ai trouvé décevant,très cliché sur les bobos de Barcelone(pourtant j'adore Barcelone).
    Un de mes films favoris,en dehors de Alice ou La Rose pourpre du Caire etc,c'est "Meurtre mystérieus à Manhtattan": du pur concentré Allénien! et avec Diane,en plus!
    J'ai bien envie de passer outre mon agacement de voir C.B. faire une apparition dans ce film car les critiques sont pas mauvaises.
    Woody Allen fait beaucoup(trop?) de films,effectivement,il y en a aujourd'hui plus de "moyens" que de très bons,mais ses meilleurs films marqueront l'Histoire du Cinéma,quoiqu'il en dise lui-même(par fausse modestie?).

    ANNESO

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  3. J'ai toujours envie d'aller voir les Woodies !
    (haha, et ce qui ne me surprend plus, c'est qu'on n'a pas les mêmes opus dans le tiercé de tête, d'ailleurs. On devrait organiser un ciné et finir en tapioca fight :-))

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  4. Comme toujours avec Woody ceux (celles) qui parlent sont celles qui ont une échelle :-D

    Et je vous engage à voir Zelig, chef d'oeuvre.

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  5. J'ai été plus sèvère que toi sur ce film que j'ai jugé assez peu réussi...

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  6. ma chère, je partage tes points de vue et je te suggère d'aller voir http://www.youtube.com/watch?v=u-ExIx8M50I
    HJerry Cotton, surtout pour celui qui se déguise en chinois ou japonais pour ne pas se faire voir...baci di barbarecha

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  7. @ bottines : mais il a fait bien pire...

    @ musicdouk : tiens, tiens, vous ici :-)

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  8. 8 ou 9 pour moi. Je ne connaissais pas l'histoire et j'ai croché à fond... surtout que le début est ultra pénible (cartes postales à gogo et visites avec des fâcheux, beurk).

    Son meilleur film pour moi depuis... Match Point (désolé).

    Ce qui m'étonne c'est que le film est plutôt optimiste dans sa conclusion* alors que "Vous allez rencontrer un sombre et bel inconnu" et "Vicky, Cristina, Barcelona" m'avaient paru très pessimistes (même sous la forme d'une comédie ou bien d'une chronique de gens jeunes beaux et riches, le tout sous le soleil catalan).

    * ahhh la fin avec Léa Seydoux. Ca me frustre de ne pas en savoir plus sur "la suite" mais en même temps, je peux imaginer et ne serait pas déçu si Woody n'avait pas été à la hauteur.

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