04/08/2016

Stranger Things




Mais le plus délicieux, ce n'est pas cette érudition cinéphile, car en soit elle n'apporterait pas grand chose, mais le fait que le rythme, les dialogues, les lumières, les décors, les acteurs, tout pousse à ressentir exactement la même terreur bleue volontaire et jouissive que l'on ne pouvait ressentir qu'à 8 ans en regardant un des films cités ci-dessus. Cette série rend hommage en utilisant les mêmes travers, en nous remettant dans la position du spectateur de VHS : toutes lumières éteintes, les pieds bien relevés car on ne sait plus vraiment ce qu'il y a sous le canapé qui pourrait nous attraper les pieds.



On a envie de retrouver une bande de copains, on se souvient que l'adolescence était un monde où l'on vivait des histoires en cachette des parents. Ces références ne nous font pas sortir du film pour un petit plaisir intellectuel de connaisseur, elles ne sont pas des étalages de nerds cinéphiles qui montrent combien ils (les deux créateurs) connaissent extrêmement bien cette période-là. (Contrairement peut-être aux travers de JJ Abrams qui, s'il maîtrise à merveille ces références également, ne peut s'empêcher de s'en gausser, et ça se voit un peu trop dans Super 8.) 


Les frères Duffer ne nous demandent pas "et celui-là, vous vous en souvenez ?", ils nous demandent "vous vous souvenez comment vous vous sentiez la première fois que vous l'avez vu ?". Ces références sont invisibles à ceux qui ne les connaissent pas ou mal, elles sont une ambiance, un geste, une atmosphère, un dialogue, un poster, une chanson, qui nous replongent dans nos délicieuses terreurs enfantines imaginaires. Une nostalgie d'irrationalité de gosse, de plaisir de se faire peur, de souvenirs d'amitiés "qui dureront toute la vie", qui donne envie de ressortir une lampe de poche (et pas un smarphone) et de se raconter des histoire horribles sous une couverture.


(Pour les cinéfreaks, les trivias de IMDB citent encore toutes sortes d'autres références, je vous les recommande, j'ai pris un grand plaisir à les lire.) (J'ai ajouté une vidéo en bas de l'article qui montre bien les références, ce montage est magnifique !)


Mais de quoi ça parle ? Après une partie de Donjons et Dragons, Will quitte ses trois copains pour rentrer chez lui où il se fait attaquer par un monstre. Sa disparition n'est signalée que le lendemain et toute la ville s'en inquiète. Ses trois amis partent également à sa recherche mais rencontrent une fille aux pouvoirs étonnants. 


Voilà pour le début du premier épisode, je vous laisse découvrir le reste. Mais sachez qu'il y a un groupe de copains qui font du vélo, une triangle amoureux entre adolescents, un monstre horrible, des méchants "du gouvernement", des parents qui ne comprennent rien, un lac, une forêt, une fronde, un complot, des talkies-walkies, un prof de science qui ne prend pas ses étudiants de haut, une gamine avec des couettes, un labo photo avec sa lumière rouge, un soutien-gorge, des trucs baveux, des lumières effrayantes, une chanson des Clash, un pipi, un pull rose avec des grosses lunettes, un piège à ours, un tunnel et des compas.


Et surtout il y a un excellent casting, des ambiances lumineuses fabuleuses et une histoire très agréable à suivre jusqu'au bout. Une deuxième saison est déjà confirmée, en espérant qu'elle fera aussi bien !


Là où le bât blesse néanmoins, c'est au niveau des personnages féminins. La plupart sont tellement monolithiques qu'il suffit d'une paraphrase pour les définir entièrement : la mère terrorisée qui est sûre que son fils n'est pas mort, la fille qui s'inquiète pour la disparition de sa copine et hésite entre deux garçons, la meilleure copine qui cherche à protéger son amie, la mère qui ne s'occupe que de sa petite dernière et ne sait pas ce qui se passe dans la vie de ses deux ados, la secrétaire de police qui tente de prendre soin de son chef, ... et on a fait le tour. A part, évidemment, Eleven, la fille que le groupe d'amis trouve dans les bois et qui a des pouvoirs. Mais même si elle est mystérieuse et ne se dévoile que petit à petit, elle reste finalement sans beaucoup de matière, à part cette constante oscillation entre force et faiblesse.


Du coup, ce film ne passe le test Bechdel que de justesse : la mère de Mike prête des talons à sa fille pour un enterrement. C'est le seul dialogue entre deux personnages féminins identifiés à propos d'autre chose que d'un personnage masculin. Dommage et un peu frustrant, car justement, ce grand plaisir à revivre une émotion comme dans les années '80, j'aurais bien voulu la revivre avec la possibilité de m'identifier à un personnage en tant que petite fille. N'oublions pas que c'est dans ces années-là qu'on a découvert Ripley dans Alien et Nancy dans les Griffes de la Nuit, fabuleuses badass. Avec Stranger Things on est plus du point des vue des petits garçons qui n'ont pas encore fait leur puberté et les filles sont bizarres. J'espère que la saison 2 permettra aura eu le temps de leur donner quelques hormones afin que les filles soient un peu plus intéressantes.





Je vous laisse, j'ai envie de revoir Stand by Me. Et les Goonies. Et Freddy Krüger. Et All the Right Moves. Et peut-être de relire IT (dont un version cinéma va sortir en 2017).
Et Beetlejuice
Et The Thing.

Mais d'abord je fais joujou avec le générateur de gifs Stranger Things.




Edit : évidemment, quelqu'un a fait un montage de quelques unes des scènes les plus flagrantes au niveau des références. C'est somptueux.



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